Samba tajine (Abdelinho)
Dans un premier temps, Abdelinho, le quatrième long-métrage de Hicham Ayouch, a tout d'une comédie colorée et gentiment absurde, consacrée au quotidien d'Abdallah, jeune homme d'une petite ville marocaine, qui s'habille aux couleurs du Brésil, son unique passion, donne des cours de samba et fantasme sur une héroïne de télénovela. La candeur d'Abdelinho, puisque tout le monde l'appelle ainsi, fait plaisir à voir et offre des moments de détente sans l'ombre d'une prétention. Tout se gâte avec l'apparition d'un télévangéliste (incarné par l'excellent Ali Suliman) dont la rigueur religieuse et les interdits qui s'ensuivent bouleversent notre "Brésilien" et tout son environnement. Ce que veut dire alors le film est transparent, dénonçant pêle-mêle intolérance, corruption et lavage de cerveau de la population. Que l'esprit de sérieux s'invite dans Abdelinho n'est pas en soi une mauvaise chose mais la transition est brutale, la manière de faire maladroite et tout ce qui apparaissait auparavant comme d'une délicieuse fantaisie naïve plonge largement dans le caricatural. D'autant, qu'en parallèle, l'aspect comédie romantique s'accentue, créant un effet de distorsion guère subtil (le Brésil de Bolsonaro est aussi une cible). Et c'est ainsi que la légèreté et l'originalité d'une jolie fable s'est transformée en un exercice pesant et démonstratif, loin de la savoureuse alliance de la samba et du tajine de ses débuts.
Le réalisateur :
Hicham Ayouch est né le 30 juin 1976 à Paris. Il a réalisé 4 films.
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