Romanesque et cérébral (Trois souvenirs de ma jeunesse)
Trois souvenirs de ma jeunesse est du Desplechin pur jus, à réserver à ses fans et à éviter pour ceux que le verbe toujours foisonnant du cinéaste exaspère. En se citant lui-même et en reprenant son personnage fétiche de Dedalus, dont il approfondit le parcours adolescent et sentimental, Desplechin s"autorise à plonger dans ses archives mentales d'intellectuel nourri au lait du romanesque. Autrement dit, Trois souvenirs de ma jeunesse est un film littéralement littéraire, un peu beaucoup à la façon de Truffaut et dont la manière pourrait être insupportable si elle n'était irriguée par un flot de sensations contraires, confuses parfois, dans un itinéraire initiatique certes plus cérébral que tendant vers l'action. La majeure partie de la critique parisienne y voit une sorte de fantasme idéal du cinéma qu'elle soutient, enfant de la nouvelle vague et d'un romantisme daté années 80. Desplechin filme comme il sait le faire et c'est souvent brillant malgré de nombreux tics de mise en scène. Les deux acteurs qui se partagent la vedette, Quentin Dolmaire et Lou Roy Lecollinet, sont vraiment excellents, vibrants et charmeurs, y compris dans les longs dialogues qu'ils ont à défendre. Mélancoliques et nostalgiques comme tous souvenirs de jeunesse qui se respectent, la matière première qui sert de pâte à Desplechin est sans doute loin d'être épuisée. Comme Antoine Doinel en son temps, on aimerait assez voir les comédiens cités plus haut vieillir à l'écran, tant leur relation complexe et passionnée mérite une suite à l'âge adulte..
Classement 2015 : 39e/91
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