Quelque chose de pourri (La muraille de lave)
Elle dure, l'absence d'Erlendur, et ses collègues policiers de Rykjavik n'ont vraiment pas la densité et l'épaisseur psychologique du commissaire rendu célèbre par Indridason. Son adjoint, Sigurdur Oli, qui prend le relais dans La muraille de lave, parait bien fluet en comparaison et de ses déboires sentimentaux, on se fiche sacrément, à vrai dire. Dans ce livre paru en 2008 en Islande, l'auteur, s'il ne délaisse pas son (ses) intrigue(s) policière(s), a surtout beaucoup à dire sur les dérives financières et morales d'un pays ivre de fausses richesses, à base de spéculations et de dettes, dont le tissu social se délite et où règne la cupidité et l'arrogance des nouveaux riches. On sait ce qu'il advint de ce "miracle économique" qui ne tarda pas à se muer en cauchemar. Echangisme, pédophilie, meurtres : il y a quelque chose de pourri dans l'univers que décrit Indridason, qui entremêle savamment les fils de son polar avant de résoudre l'affaire en un dénouement hâtif qui trahit son peu d'intérêt pour l'enquête en elle-même, qui passe après son violent réquisitoire contre les dérives d'une société qui a oublié ses propres fondements moraux. Néanmoins, le romancier reste toujours aussi habile dans le suspense et La muraille de lave, sans prétendre atteindre la qualité de certains de ses précédents livres, est d'un niveau plus que correct. En attendant qu'Erlendur revienne enfin, parce qu'il commence à sérieusement nous manquer.
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