Pour quelques roupies de plus (Titli)
Contrairement à ce que ses symboles les plus connus pourraient laisser croire, Gandhi et Bollywood, l'Inde est un pays de violence extrême et ce n'est pas l'écart grandissant entre les différentes strates sociales qui risquent de changer la donne. Le cinéma s'en fait de plus en plus écho avec des productions indépendantes qui nous parviennent au compte-gouttes. Titli, comme Gangs of Wasseypur, est un film brutal et infernal, la chronique d'une fratrie prête à tout pour glaner quelques roupies de plus et, peut-être, pour ce qui est du plus jeune de la famille, en tous cas, se sortir enfin du taudis dans lequel il(s) croupit (issent). Le scénario de Titli est dense, sinueux, toujours inquiet et traversé par une violence éruptive quasi insupportable. C'est un film qui ne sent pas la rose et qui n'est pas loin de pêcher par excès de naturalisme. Mais l'interprétation des acteurs amateurs est prodigieuse et l'histoire fertile en rebondissements mêlant thriller, drame et romance (mais à peine). L'une des facettes les plus intéressantes d film de Kanu Behl est la description de la condition féminine et de sa lente évolution. La soumission à des coutumes ancestrales se heurte désormais à la rébellion (encore timide) d'une nouvelle génération. Nerveux, intense et passionnant sur le fond comme sur la forme, Titli avance comme un sanglier enragé et semble porteur d'espoir à l'encontre des déterminismes sociaux. Le film est éprouvant mais riche comme un documentaire.
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