Perdue dans la traduction (Oh Lucy!)
C'est fou comme de petits riens peuvent changer une vie. Celle de Setsuko, quinquagénaire japonaise sans mari ni enfants, est bien morne. Des cours d'anglais et la rencontre d'un professeur américain qui aime les câlins vont mettre un peu de piment et d'aventure dans une existence où cette célibataire semble "perdue dans la traduction" d'une société qui la confine à la marge. Oh Lucy! a un côté rafraîchissant avec son humour et son ironie décapante, tout du moins dans sa première partie, tokyoïte. Incommunicabilté, étrangeté aux autres, évocation fréquente de suicides, il y a pourtant tout pour créer une atmosphère morbide mais l'on retrouve un ton presque enjoué, ou alors goguenard, familier aux amateurs de littérature japonaise contemporaine. Cette fantaisie se brise quelque peu avec le long épisode californien, anecdotique et sans originalité ni rythme. Ce n'est pas le manque de dynamisme qui pose problème, il est plutôt inhérent au sujet, mais le chemin emprunté qui éloigne de ce que l'on attend de voir de la vraie nature de Setsuko/Lucy. Un peu bancal, Oh Lucy! a cependant des arguments pour renouveler notre image d'un cinéma japonais trop souvent confiné aux réalisations de Kore-Eda et de Kurosawa. Ce qui est évidemment une distorsion réductrice de ce que représente la production nippone d'aujourd'hui.
Classement 2018 : 21/42
La réalisatrice :
Atsuko Hirayanagi est née le 2 août 1975 à Nagano (Japon). Elle a réalisé 4 courts-métrages.
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