Culpabilité collective (La juste route)
Adrienn Pal, Le cheval de Turin, Le grand cahier, White God, Le fils de Saul, Roues libres, Corps et âme, La lune de Jupiter ... Le cinéma hongrois est l'un des plus remarquables d'Europe. La juste route, qui évoque par certains côtés Un petit carrousel de fête, merveille des années 50, s'impose d'emblée par son sublime noir et blanc et sa mise en scène inspirée, parfois aux frontières du maniérisme. C'est une sorte de western qui s'annonce en ce jour de mariage dans un petit village quand deux inconnus débarquent à la gare avec de lourdes malles. Leur lent cheminement, en ce jour d'août 1945, va raviver la culpabilité collective d'une communauté qui a des fautes à expier durant la guerre qui vient à peine de s'achever. Le film aurait pu être victime d'une certaine austérité narrative, il est au contraire de plus en plus passionnant à mesure que des éléments du passé se révèlent. En quelques heures seulement, en respectant les trois unités de la tragédie classique, La juste route frappe par la manière calme et digne dont il évoque la Shoah et le thème de la spoliation des juifs, comme un contrepoint à l'admirable Fils de Saul. Sans forcer le trait, avec douceur parfois et ironie, en usant d'une symbolique très forte dans ses dernières images.
Classement 2018 : 4/14
Le réalisateur :
Ferenc Török est né le 3 avril 1971 à Budapest. Il a réalisé 8 longs-métrages.
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