Paradis sacrificiels (Narcopolis)
Les amateurs de littérature indienne vont être étonnés, choqués peut-être, par le premier roman -récit serait un terme plus juste- de Jeet Thayil qui y raconte sa propre expérience et celle de condisciples dans une fumerie d'opium de Bombay, dans une ambiance très seventies. Plus qu'à une narration traditionnelle, c'est à une suite de scènes que nous convie l'auteur, comme une tapisserie où l'on découvre le destin de plusieurs personnages obsédés par l'idée de fumer et de s'oublier. Une petite communauté vouée à disparaître quand d'autres stupéfiants s'imposent : héroïne, cocaïne and co. Narcopolis commence plutôt bien : la description de Bombay est saisissante, les histoires s'enchaînent et ont une vraie originalité, celle de l'eunuque Fossette ou du chinois Mr Lee, par exemple. Puis vient le moment de la confusion. Délires de toxicomane ? Le livre devient de plus en plus cru, plus glauque, plus sale. Sexe, drogue et violence. L'intérêt devant ce déballage crade s'amenuise au fil des pages avant un dénouement, quand le narrateur revient des années plus tard sur les lieux, enfin cohérent et réussi. Un livre à ne pas mettre sous tous les yeux. L'oeuvre d'un poète, sans doute, tendance baudelairienne, qui aurait un peu trop abusé des paradis artificiels et sacrificiels.
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