Mauvais état d'Amérique (Eddington)
Faut-il un brin de méthode pour illustrer le chaos de l'Amérique, en mauvais état, d'autant plus quand l'action se situe dans les temps obscurs et confus du Covid ? Ari Aster en use un peu, dans la première partie de son film, qui donne cependant l'impression de pêcher par excès d'accumulation : complotisme, armes en vente libre, sectes religieuses, pédophilie, la liste n'est pas exhaustive. Dans ce dense bourbier, Eddington parvient tout de même à faire exister une poignée de personnages, bien que Joaquin Phoenix, fantastique, n'a aucun mal à laisser ses camarades de jeu à des années lumière de talent. Bizarrement, au bout de 90 minutes, le film semble avoir tout dégorgé de son contenu et, malgré une certaine confusion, cette chronique, qui n'est ni un thriller, ni un western, ni une satire, ou alors les trois en même temps, ne laisse pas un sentiment trop négatif, pour peu qu'on ait jamais porté aux nues Ari Aster, cinéaste doué mais en aucun cas génial, pas dans la catégorie d'un Welles ou d'un Kubrick, en tous cas. Mais tout part finalement en sucette dans la dernière heure, marquée par la violence et la folie ambiante qui paraissent sans limites. Autrefois, on appelait cela un grand film malade et on y accordait une certaine mansuétude. C'est possible ici, eu égard à l'aspect quand même divertissant de la chose, car il n'est pas dit que le cinéaste ne puisse pas faire bien pire à l'avenir.
Le réalisateur :
Ari Aster est né le 15 juillet 1986 à New York. Il a réalisé Hérédité, Midsommar et Beau is afraid.
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