Les racines du mâle (Un Varón)
Lorsqu'il a présenté Un varón au Festival Biarritz Amérique Latine, son réalisateur, Fabián Hernández, a eu cette phrase définitive : "j'ai voulu faire un film honnête sur un sujet traité le plus souvent d'une manière qui ne l'est pas." En gros, ce que le cinéaste n'apprécie pas, ce sont les stéréotypes accolés à la Colombie, drogue et crimes au premier plan, et une sorte d'esthétisation sordide de la violence, à des fins de divertissement. Ce qui l'a intéressé, au sein du quartier de Bogotá où il a grandi, c'est aussi de déconstruire cette image toxique de masculinité à laquelle se heurte son jeune héros, qui semble ne pas avoir d'autre choix que de montrer sa virilité pour être accepté dans la jungle urbaine de la capitale colombienne. Être ou ne pas être un mâle (varón) et en explorer les racines, telle est donc la question. Un peu heurté dans ses premières minutes, le film ne cesse de s'améliorer au fil des minutes, concentré sur les failles de son personnage principal, jusqu'à un moment crucial de sa jeune existence, traité avec une grande économie de moyens qui n'empêche pas l'efficacité. Le casting, essentiellement local et non-professionnel, participe à la crédibilité d'une entreprise effectivement honnête et qui se refuse à se compromettre avec le graphisme habituel de la violence. Le film y gagne en sincérité, ce qu'il perd, un peu, en intensité.
Le réalisateur :
Fabián Hernández est né à Bogota. Il a réalisé 3 courts-métrages.
A découvrir aussi
- Pêchers capitaux (Nos soleils)
- La puanteur raciale du Mississippi (Emmett Till)
- Défaite de Chandler (Marlowe)
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 50 autres membres