Le noir et le rose (Pour quelques milliards et une roupie)
Si Vikas Swarup est assez comparable aux autres romanciers de son pays, c'est dans le sens où il n'est pas plus tendre pour les tares de la société indienne. Il ratisse même plus large se livrant à un inventaire quasi exhaustif des plaies de l'Inde : corruption massive, écart grandissant entre riches et pauvres, trafic d'organes, télé-réalité débilitante, mariages forcés, exploitation des enfants ..., on en passe et des tout aussi pires. Mais l'écrivain dénonciateur est aussi un amateur de guimauve qui n'hésite pas à forcer sur la palette du rose, pour atténuer le noir, quitte à faire déboucher ses intrigues improbables sur une morale convenue. C'était déjà le cas dans Slumdog mais l'énergie du récit emportait tout sur son passage. Pour quelques milliards et une roupie n'en manque pas non plus, d'énergie, mais comme Swarup reprend peu ou prou les mêmes (grosses) ficelles narratives, il est difficile d'adhérer de la même façon. Evidemment, c'est une lecture agréable et facile, avec son lot de situations inextricables dont l'héroïne se sort haut la main et des rebondissements en cascade dont un dernier très malin quoique obligeant à faire preuve d'indulgence pour y croire un tant soit peu. Vikas Swarup a désormais sa place à lui parmi les romanciers indiens, plus dans la littérature de distraction que dans celle de l'approfondissement, ce qui n'est pas une honte, loin de là, juste une limite.
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