Cinéphile m'était conté ...

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Le courage contre les tabous (Les femmes du bus 678)

Un mois avant le printemps de la révolution, un film a provoqué un terrible charivari en Egypte, osant s'attaquer à un sujet tabou. Peu de temps plus tard, une loi a enfin officialisé le délit de "harcèlement sexuel" dans le pays. Preuve que le cinéma peut, à son échelle, faire évoluer les mentalités (même si le problème reste entier). Les femmes du bus 678 est clairement un film de combat, didactique, avec les défauts inhérents au genre. Et tant le scénario, pas toujours bien inspiré, que la mise en scène, assez souvent pataude, ne sont pas vraiment à la hauteur. Pour son premier film, Mohamed Diab, grand admirateur d'Inarritu, a choisi de montrer des femmes harcelées venant de tous les milieux sociaux, riches et défavorisés, de peur d'être accusé d'en avoir privilégié un seul par rapport à un autre. Légitime intention, qui connait des ratés, tellement le récit use de ficelles artificielles pour relier plusieurs histoires et personnages. Malgré, et peut-être même à cause de ses défauts, le film est attachant et pas seulement pour son courage et sa volonté de dénoncer la pesanteur d'une société où les hommes ont tous les droits. Il y a là une colère saine et un aspect réaliste qui sautent à la figure. Le personnage du flic, sorte de Maigret égyptien, est par ailleurs source de cocasserie, avec un regard différent et désinhibé sur la condition féminine au pays des pharaons. Peu importe que Les femmes du bus 678 soit une oeuvre cinématographique imparfaite, c'est un document sociologique remuant qui démontre avec force qu'un film peut (aussi) être intéressant pour son engagement et sa bravoure.

 




01/06/2012
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