Cinéphile m'était conté ...

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De l'eau dans le whisky (La part des anges)

Il est difficile de ne pas être en empathie avec les héros de Ken Loach. Des laissés pour compte, des gars et des filles qui n'ont pas beaucoup d'espoir à attendre de la société. Dans La part des anges, le cinéaste britannique met un peu d'eau dans son whisky. L'aspect social est toujours présent, mais moins aiguisé que dans le passé, plus versé vers un optimisme, certes pas béat, mais tout de même un peu angélique. Bien sûr qu'ils sont irrésistibles ces pieds nickelés écossais, avec leur accent à couper au couteau et leur manie de voler les riches pour, non pas donner aux pauvres, faut pas rêver, mais déjà tenter de s'en sortir. Le problème de cette comédie parfois très drôle est qu'elle est filmée de façon paresseuse, ce n'est pas fréquent chez Loach, et qu'elle laisse son intrigue se dérouler sans passion, distillant quelques bons mots au passage, avec un vrai coup de mou en son milieu. Tout l'art de faire passer des petits malfrats, bien gentils en fin de compte, pour des génies de l'escroquerie, il faut reconnaître que cela manque un peu de crédibilité. On passera tout ça sur le compte de la fable sociale, c'est très pratique les fables, cela exonère d'une certaine exigence quand au souci de véracité d'une histoire, et puis voilà. Ken Loach est comme tout le monde, il vieillit et son cinéma semble s'attendrir et perdre de sa virulence. On l'aime trop pour l'en blâmer et les (bonnes) comédies sont suffisamment rares pour l'accabler de reproches. Au regard de sa carrière, c'est tout de même un Loach faiblard, un vieux malt qu'on aurait laissé un peu trop longtemps au fond d'un fût de chêne. La saveur s'est légèrement évaporée, comme accordée à la part des anges.

 




28/06/2012
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