Le chien aboie et la guerre passe (Le collier rouge)
Le collier rouge, court roman ou longue nouvelle, est un exemple de plus du talent de Jean-Christophe Rufin qui s'empare d'une simple histoire, laquelle peut paraître anecdotique un siècle plus tard, lui permettant d'évoquer, à sa façon, l'horreur et l'absurdité de cette boucherie aussi appelée Grande Guerre. De fait, le livre pourrait être condensé dans une fable de La Fontaine, avec une morale cinglante pour terminer. Il était une fois un chien qui aboyait jour et nuit, non loin de la cellule où croupissait son maître, pourtant héros de guerre mais auteur d'un acte choquant qui lui a valu sa détention. Ce qu'il a fait, Rufin, avec l'art consommé d'un maître queux, cuisinier d'intrigues, ne nous le révélera que sur la fin du livre après avoir fait mariner son lecteur, pour le plus grand plaisir de celui-ci d'ailleurs. Le temps de planter le décor, le bas-Berry de 1919, et de peaufiner le portrait de ses personnages : le soldat, le juge et la paysanne. Et de raconter la guerre, d'une autre manière qu'officielle, dégommant le pseudo-héroïsme des troupes au passage. Le collier rouge est un roman sur la fidélité, la croyance en certaines valeurs humanistes et pacifiques. Un livre aussi bref que magistral. Superbe.
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