Cinéphile m'était conté ...

Au centre d'El Clan trône le père de famille, honorable citoyen au faciès impassible, qui cache un caractère tyrannique et incarne une sorte de symbole du mal dans une Argentine en pleine transition démocratique, après les abominables années de dictature. Cette figure monstrueuse est incarnée par un acteur ébouriffant : Guillermo Francella. A l'image de sa famille qui ploie sous son joug, le film de Pablo Trapero est vampirisé par ce personnage hors normes qui illustre l'horreur ordinaire. Pour les argentins, l'affaire Puccio (enlèvements et meurtres entre 1983 et 1985) est très connue. Le cinéaste n'a pas besoin d'insister sur l'histoire de ce patriarche aux mains sales pendant les années de plomb, protégé par ses amitiés politiques. Pour le public étranger, il manque en revanche une petite explication de texte, le film pouvant être pris pour un simple thriller anxiogène qui tergiverse pour ne pas prendre le chemin de la comédie noire (la B.O est surprenante avec le guilleret Sunny Afternoon des Kinks en leitmotiv). C'est un fait que Trapero est l'un des meilleurs cinéastes argentins du moment et qui connait son affaire. Il y a un côté glaçant dans El Clan qui finit par submerger le film d'une pellicule sordide mais le spectateur n'a cependant pas toutes les cartes en mains pour apprécier la façon dont le film témoigne d'une époque trouble et terrifiante que Puccio cristallise avec un sombre éclat.

Classement 2016 : 9/28

Le réalisateur :

Pablo Trapero est né le 4 octobre 1071 à San Justo (Argentine). Il s'impose comme un auteur majeur dès son premier film en 1999 : Mondo grua. Suivent El bonaerense, Voyage en famille, Nacido y criado, Leonora (son meilleur), Carancho, Elefante blanco.