L'homme que l'on adorait détester (Steve Jobs)
S'il existait un Oscar du film le plus bavard de l'année, Steve Jobs l'obtiendrait haut la main. Evidemment, ce sont des dialogues hauts de gamme, non pas tant pour célébrer le génie du visionnaire mais plutôt pour cerner le personnage dans son intimité, le genre de type dont on aurait pu dire : "L'homme que l'on adorait détester." Et qui de plus se plaisait dans ce rôle de monstre de froideur et d'insensibilité, le tout expliqué par son statut d'enfant abandonné par ses parents et adopté. Danny Boyle exploite un scénario qui ne s'adresse pas aux geeks mais au grand public désireux d'en savoir plus sur Jobs, sa vie et son oeuvre, vus à travers trois moments clés de sa vie, avant de monter sur scène et de présenter quelques uns des produits phares qui ont façonné sa légende. Tout se passe donc en coulisses, auprès de son assistante (une Kate Winslet méconnaissable), de sa fille et de son ex, de ses partenaires, amis ou ennemis chez Apple. Une pièce en trois actes, comme du théâtre filmé si l'on veut, mais par Danny Boyle, ce qui fait toute la différence, par son rythme, son sens du cadrage, sa direction d'acteurs (Ok,Michael Fassbender est phénoménal). Plus qu'à Social Network, c'est à Birdman que l'on pourrait le comparer, toutes proportions gardées. C'est assez souvent passionnant, il faut l'avouer, malgré quelques chutes de tension et des scènes répétitives, mais pas pour les raisons que l'on aurait pu penser. Davantage pour les défis de mise en scène que Boyle s'est imposé et dont il se tire le plus souvent de façon brillante que pour le portrait d'un homme qui semble parfois binaire, sous le flot des dialogues qui submergent le film ad libitum.
Classement 2016 : 7/22
Le réalisateur :
Danny Boyle est né le 29 octobre 1956 à Manchester. Petits meurtres entre amis et Trainspotting le révèlent. Une vie moins ordinaire et La plage ne confirment pas. Suivent des hauts et des bas : 28 jours plus tard, Sunshine, Millions, Slumdog Millionaire (Oscar 2009 du meilleur réalisateur), 127 heures, Trance.
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