L'assassinat du boucher (HHhH)
En adaptant HHhH, le roman de Laurent Binet, Cédric Jimenez l'a bien entendu expurgé de ses aspirations littéraires. C'est compréhensible. Ce qui l'est moins, même s'il s'agit d'une production destinée au monde entier, c'est d'avoir fait parler oppresseurs allemands et résistants tchèques et slovaques avec un impeccable accent anglais. Autant pour la crédibilité. La première partie, centrée sur l'irrésistible ascension de Heydrich, avec son arriviste de femme en machiavélique mentor, aurait pu être convaincante si elle ne se parait pas de purs effets de style, une esthétisation qui ne s'impose pas vraiment quand il est question de décrire les acteurs d'une aussi sinistre barbarie. Le film bascule à mi-chemin pour conter les coulisses de l'assassinat du "boucher de Prague" et la répression qui s'ensuivit. Le réalisateur, qui vient du cinéma policier, n'est pas un manchot pour les scènes d'action mais s'il réussit les moments les plus intimes (l'amitié entre les deux héros), il n'échappe pas à l'outrance dans la démonstration de la violence, dramatisée à l'extrême avec une musique pompeuse. Tout cela manque d'arrière-plan historique, en définitive et d'une vraie plongée dans la psychologie horrifiante des monstres du 3ème Reich. Comment Heydrich est-il devenu ce haut dignitaire qui en remontrait aux deux H plus haut placés en matière de cruauté et d'inhumanité ? Pourquoi les britanniques ont-ils décidé de faire éliminer le "protecteur" de la Bohème-Moravie, sachant les conséquences terribles de cet acte pour la population tchèque ? Ce n'est pas le propos du film qui s'en tient, pour la plus grande part, aux conventions du film d'action.
Classement 2017 : 94/124
Le réalisateur :
Cédric Jimenez est né le 29 juin 1976 à Marseille. Il a réalisé Aux yeux de tous et La French.
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