La semaine d'un cinéphile (1)
Dimanche 11 septembre 2016
Tout cinéphile qui se respecte ne jure que par la salle de cinéma. Mais ce n'est pas toujours possible, surtout dans une ville moyenne (sans cinémathèque, hélas), et il n'y a pas de honte à fréquenter le petit écran, surtout pour la diffusion de films invisibles ailleurs. Tout le monde connait les chaînes spécialisées dans les classiques mais le cinéma contemporain est aussi accessible via Sundance TV et Eurochannel, entre autres. Cette dernière, en particulier, fait un travail admirable de découverte de films européens qui ne connaitront jamais de sorties en France. De la Géorgie à l'Islande en passant par la Slovénie, le spectre est large et le seul risque est de tomber sur une petite merveille inconnue.
Lundi 12
La mort de Claude-Jean Philippe, c'est un peu de ma jeunesse qui part. Je me souviens de ces vendredis soirs devant Apostrophes suivis du ciné-club présenté par CJP. La chaleur et la passion pour parler de films, pas de cuistrerie surtout. Un peu à la manière de Bertrand Tavernier. A propos, ce dernier vient bientôt à Orléans présenter son documentaire Voyage à travers le cinéma français. Quel bonheur !
Mardi 14
Pierre Niney. Ce type est assez formidable. En tant qu'acteur s'entend. Comme homme, je ne sais pas, mais je l'imagine drôle, inconstant, pas facile à vivre. Manifestement, il y a quelque chose qui se passe quand il est à l'écran. Une féminité chez lui qui me surprend et une souplesse de jeu qui lui permet d'incarner Yves Saint-Laurent, un soldat de la grande guerre ou le fils rebelle de Cousteau (il est sacrément bon dans L'odyssée qui sort le mois prochain). Tiens, on le verra aussi (façon de parler parce qu'il est douteux qu'il parvienne à nos écrans) dans Altamira du revenant Hugh Hudson. Autant dire qu'il devient indispensable au cinéma français, le Niney. J'aimerais bien le voir chez Blier ou même Scorsese. Il y serait crédible, j'en prends le pari.
Mercredi 15
Jour de sorties. Je vais voir l'égyptien Clash. Je suis seul dans la salle à 19h15. Ce n'est pas que je sois étonné mais c'est tout de même triste. Sur une agglomération de 300 000 habitants, je suis donc le seul à avoir décidé d'aller voir ce film, au seul horaire possible quand on travaille. Depuis le début de l'année, seulement 4 films étrangers (hors Etats-Unis) figurent parmi les 100 premiers films en termes d'entrées dans les salles françaises. Toni Erdmann et Dernier train pour Busan vont rejoindre ce club très restreint. Mais quand même, je trouve cela désolant.
Jeudi 16
En bon français, on appelle cela une short list. Elle ne compte que 4 films dont l'un sera le représentant de la France pour l'Oscar du meilleur film en langue étrangère. Sont sur les rangs : Les innocentes, Frantz, Elle et Cézanne et moi. Je verrai le dernier cité demain en avant-première mais pour ce qui concerne les autres, ces choix corroborent mes propres sentiments. De façon quasi mimétique, même : Les innocentes, Elle et Frantz sont respectivement mes premier, deuxième et troisième films français préférés de l'année, jusqu'à maintenant. C'est troublant, cette accord total Mais ce ne sera peut-être pas le même consensus pour Cézanne et moi. J'en doute, en tous cas.
Vendredi 17
Je me suis inscrit au Arte Kino Festival ! Mais Kezako ? Eh bien, il s'agit d'un festival européen de films en ligne, du 30 septembre au 9 octobre, qui permettra aux internautes de 44 pays européens de visionner une sélection de 10 longs-métrages récents. 50.000 participants sont attendus et invités à voter pour leurs films favoris. Pour ma part, j'ai choisi de voir deux films sortis en mai et juin derniers, mais dans un circuit très limité : le portugais John From et l'italien Bella e perduta, ainsi que deux oeuvres inédites : le serbe A good Wife et l'allemand Wild. Belle initiative en tous cas dans l'esprit de ce que beaucoup de festivals de cinéma (Locarno, Venise, Toronto) font désormais, à savoir mettre en ligne un certain nombre de films présentés au même moment.
A Good Wife.
Samedi 18
Un cinéphile se projette constamment. Vers les projets en cours, vers les sorties à venir. Par exemple, en janvier 2017 sont annoncés les prochains Scorsese, Ang Lee, Tom Ford, Sean Penn, Vinterberg, Larrain, Bayona. Sans compter un film de guerre danois, dont on parle beaucoup : Les oublié. Alléchant tout cela. J'espère en voir quelques-uns au festival d'Arras en novembre. J'y suis allé pour la première fois, l'année dernière et j'ai hâte d'y retourner. Mais avant cela, encore une moitié de septembre et un mois d'octobre exigeants sur le plan du travail. Cinéphile oui mais le quotidien est souvent pesant et perturbant. Vivre est un dur labeur mais comme je constate que les privilégiés sont ceux qui se plaignent, il vaut mieux que je me taise. Pour un temps.
Silence de Martin Scorsese
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