Haro sur les dictatures (Moi, Surunen, libérateur des peuples opprimés)
35 romans publiés en Finlande, 16 aujourd'hui traduits en Français. D'un côté, on piaffe d'impatience entre chaque livraison, de l'autre, on ne peut que se réjouir d'avoir autant d'inédits à lire bientôt même si l'attente est parfois longue. Douce torture. L'écrivain dont il s'agit est bien entendu Arto Paasilinna dont les aficionados ne rateraient pas un seul de ses livres pour une empire. Parce qu'il y a à chaque fois garantie de partir pour un voyage original, burlesque et déjanté, loin des romans graves et fort sérieux que la la littérature contemporaine (avec un L majuscule) nous offre sans modération. Bref, en un mot comme en cent, un nouveau Paasilinna, c'est un peu de bonne humeur dans un monde qui préfère la tristesse et le drame à l'humour et à la comédie. Moi, Surunen, libérateur des peuples opprimés se situe chronologiquement entre Le fils du dieu de l'orage et La douce empoisonneuse. Il date de 1986, presque trente ans mais a encore toutes ses dents (dures) avec son atmosphère légèrement surannée, notamment dans sa deuxième partie qui se déroule dans le pays de Vachardoslavie lequel, comme chacun le sait, se situe à l'est de l'Autriche et au sud de la Pologne. Grosso modo. Et que vient faire Surunen en cette inhospitalière contrée communiste ? Libérer des opposants au régime bien entendu puisque notre héros finlandais a décidé sur un coup de tête humanitaire qu'il était temps de faire quelque chose contre les gouvernements qui font fi de la liberté d'expression. Une bonne occasion de rétablir la balance puisque notre homme venait auparavant d'accomplir un acte d'éclat dans le sinistre Macabraguay, ce pays frontalier du Honduras, dont la honteuse dictature militaire est, comme personne ne l'ignore, soutenue par les impérialistes américains. Les aventureuses pérégrinations de Surunen ont beau sembler loufoques de prime abord, et l'on s'en délecte, elles n'en sont pas moins un bon coup de pied dans l'arrière-train des absolutismes de tous poils. Derrière le satiriste Paasilinna se cache un humaniste. Dans ce "dernier" roman, il n'y va pas avec le dos de la cuiller mais c'est que ce qu'on aime chez lui, une bonne louche de loufoquerie dans un récit sans temps morts qui obéit à sa propre logique et balaie toute contradiction. Du nanan ? Assurément !
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