Fuites d'eau (Noé)
Question préalable en forme de boutade : le cas Noé prend-il l'eau ? Réponse : oui et non. Le spectateur risque fort de rester circonspect devant ce déluge d'images, séduit parfois, interloqué souvent, navré de temps à autre. Mais de Darren Aronofsky, il ne fallait évidemment pas attendre un blockbuster traditionnel, il y a trop de noirceur dans son âme de cinéaste et d'un récit biblique il fait à la fois un spectacle grandiose et une réflexion métaphysique dont la portée reste toutefois réduite eu égard aux exigences hollywoodiennes. C'est un véritable millefeuilles que ce Noé, ambitieuse tentative de régénérer le genre péplum, mais dont les raccourcis thématiques sont inévitables quand il faut assurer un minimum d'exposition aux effets spéciaux. Ceci posé, le personnage de Noé est plutôt fascinant, coincé entre ses rapports étroits et complexes avec le Créateur et ses relations familiales. Russell Crowe est une bonne pioche, son visage exprime tous les tourments d'un homme confronté à des choix impossibles. Un peu moins pompier et digressif, le film aurait davantage convaincu. Pas coulé en fin de compte, Aronofsky, mais embarqué dans un esquif qui tangue dangereusement quand son scénario a des fuites et que le discours écologique et moralisateur prend le pouvoir.
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