Fagot de vieux films (Juillet/6)
Entre le ciel et la terre (Bayn el samaa wa el ard), Salah Abou Seif, 1959
Un après-midi torride, 14 habitants du Caire sont bloqués dans un ascenseur. Avec Mahfouz au scénario et Abou Seif à la réalisation, ce film représentait un véritable défi, y compris sur le plan commercial, car dénué de chants et de danses. C'est un authentique microcosme égyptien, un jus de Cairotes, qu'égratigne avec malice le scénario, avec une représentation sociale très diverse, de l'actrice au pickpocket, du couple adultère à la femme enceinte, du cuisinier avec son plat en sauce à la jeune fille suicidaire, etc. Après les scènes étouffantes en huis-clos et les situations extérieures qu'i impacte, le film se termine avec une somptueuse mise en abyme. Très drôle et remarquablement agencé, Entre le ciel et la terre connut un succès retentissant et inattendu, dans son pays, et peut être considéré comme l'un des points d'orgue de la carrière de Salah Abou Seif.
Un peu de souffrance (Chay min el adhab), Salah Abou Seif, 1969
Le film ressemble à un roman-photos, avec excès de mélodrame et une interprète trop âgée pour le premier rôle féminin.. Mais Un peu de souffrance, titre représentant un véritable euphémisme, est signé Salah Abou Seif et donc digne d'intérêt, même s'il ne s'inscrit parmi les meilleurs longs-métrages du "parrain" du cinéma égyptien. Le film pointe la différence d'âge entre un artiste au crépuscule et la jeune fille qui l'admire, dans le cadre idyllique d'une belle maison isolée, non loin de la plage. Sans imposer une morale définitive, le film dépeint les illusions de la jeunesse et l'aveuglement de la vieillesse, tout cela au nom d'un sentiment nommé amour, qui pourra aussi bien être appelé emprise, dans un cas, et désir dans l'autre. En définitive, qUelque chose comme leurre de vérité, si tant est que cette dernière existe.
Je suis libre (1na hourrah), Salah Abou Seif, 1959
Un beau portrait de jeune femme dans l'Egypte du début des années 50, pendant l'occupation britannique, peu avant la révolution de 1952. Amina, rebelle par nature, veut aller à l'université et travailler, refusant le mariage. Son évolution, féministe jusqu'à un certain point, puisque son salut passera par un homme, est contée avec efficacité par Salah Abou Seif, qui montre aussi qu'il est un véritable styliste, notamment dans sa description des rues du Caire. Si le cinéaste reste fidèle à une veine populaire, il est indéniable qu'il est aussi un auteur de valeur. Son actrice principale, Lubna Abdel Aziz, qui a débuté à l'écran 2 ans plus tôt avec le même réalisateur, tient tout le film sur ses épaules, avec un talent indéniable.
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