Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Extrêmement russe et incroyablement lucide (Elena)

Extrêmement russe et incroyablement sordide. La Russie d'aujourd'hui, selon Zviaguintsev, semble fonctionner sur un modèle barbare où la cupidité des pauvres le dispute à l'arrogance des riches. L'histoire d'Elena est une métaphore, puissante et certainement excessive, d'un pays désemparé où le capitalisme n'a fait qu'accroître les clivages sociaux. Le cinéaste ne fait de cadeaux à personne dans cet univers glacé où la fin (la faim) justifie les moyens. Le propos a beau être sujet à controverse et mettre singulièrement mal à l'aise, force est de constater que la forme est époustouflante. Des plans fixes, somptueux, d'une lenteur étudiée, parfois portés par la musique répétitive et lancinante de Philip Glass. Un sens du cadrage hallucinant dans une épure radicale. Et des scènes extraordinaires, dans des registres opposés, comme la bagarre nocturne dans les fourrés ou ce subtil dialogue père/fille à l'hôpital. Certes, Ziaguintsev, qui n'est pas stricto sensu un cinéaste social, dans l'esprit d'un Loach, montre des comportements sans expliquer le fonctionnement d'un système pourri jusqu'à l'os par la corruption. Il préfère décrire des individus dont les agissements tiennent plus du loup que de l'humain. Sa morale est à l'avenant, inconvenante et cynique mais lucide, effroyablement lucide.

 




12/03/2012
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