En transe sibérienne (4)
Quatrième partie : Bienvenue à bord
23h55. Le Transsibérien s'ébranle. Vladivostok est à 9281 km. Je m'arrêterai avant, à Irkutsk (5185), en passant par Iakaterinbourg, Omsk et Novossibirsk. Je suis en deuxième classe, dans un compartiment à 4 couchettes. Deux militaires en civil et une dame d'un âge incertain sont mes compagnons. Celle-ci va devenir mon ange gardien. Elle m'apprend à faire mon lit, me sert le thé, m'offre une galette de pain avec une tranche de saumon. Faute de savoir son prénom, je l'appellerai Irina. Elle ne parle pas anglais et mon russe est trop rudimentaire. Je saurai juste qu'elle voyage jusqu'à Vladivostok et qu'elle aime tricoter. Sacrée Irina !
Les militaires ont sorti l'artillerie lourde. Vodka et saucisson. Bien obligé de trinquer. La première nuit n'est pas mauvaise. Lire, regarder le paysage, dormir à n'importe quelle heure, manger, boire : la notion du temps s'efface peu à peu.
La deuxième nuit, tout se gâte. Les militaires s'empiffrent et éclusent moult shots de vodka à 2h00 du matin, se moquant bien de mon sommeil. Je n'en peux plus. Il me reste à demander à "l'hôtesse d'accueil" du wagon de me trouver un autre compartiment. La provodnista est incontournable, c'est elle qui gère tout. Après une longue discussion, un dialogue de sourds plutôt, me voici seul enfin. Des compagnons de voyage vont défiler au fil des heures : un jeune couple, une sourde et muette, un type bizarre, un autre, sympathique, qui me montre ses photos de pêche au lac Baïkal. Les échanges restent hélas limités faute de compréhension. Je suis dans un film russe non sous-titré.
Le wagon-restaurant ? Pas très glamour. On y mange mal, les prix sont exorbitants, la musique disco est abominable. Pas un touriste à l'horizon.
Une certaine torpeur m'envahit. Je suis bien en fin de compte. Dans un univers parallèle ouaté, hors du temps. Le dernier jour, il fait nuit à 14h30. Sans m'en apercevoir, j'ai traversé 5 fuseaux horaires. Les arrêts dans les gares viennent rompre cette douce monotonie.
L'approvisionnement se fait dans les petites gares où des paysannes vendent beignets et autres douceurs à des tarifs dérisoires. Le tout est de ne pas rater le départ du train, ce qui, bien entendu, est à deux doigts de m'arriver. Presque lost in Siberia.
Passage par Omsk et Novossibirsk.
Après trois jours et quasi quatre nuits, je suis proche de ma destination. Une dernière querelle, obscure, autour d'une petite cuiller et je tente de dormir tôt. Sans succès. Je vais débarquer à Irkutsk à 7h00 du matin mais je suis toujours à l'heure de Moscou, soit 5 heures de moins. On m'a volé une nuit !
Drôle de périple. Il y a manqué de vraies rencontres et le plaisir de la conversation. Sentiment de frustration. Au bout de 3 jours, je commençais pourtant à goûter le rythme lent et lancinant du train dans la taïga. Pour s'en imprégner davantage, il aurait fallu que je continue jusqu'à Vladivostok. En attendant, me voici à Irkutsk, déphasé et engourdi par le froid du petit matin.
23h55. Le Transsibérien s'ébranle. Vladivostok est à 9281 km. Je m'arrêterai avant, à Irkutsk (5185), en passant par Iakaterinbourg, Omsk et Novossibirsk. Je suis en deuxième classe, dans un compartiment à 4 couchettes. Deux militaires en civil et une dame d'un âge incertain sont mes compagnons. Celle-ci va devenir mon ange gardien. Elle m'apprend à faire mon lit, me sert le thé, m'offre une galette de pain avec une tranche de saumon. Faute de savoir son prénom, je l'appellerai Irina. Elle ne parle pas anglais et mon russe est trop rudimentaire. Je saurai juste qu'elle voyage jusqu'à Vladivostok et qu'elle aime tricoter. Sacrée Irina !
Les militaires ont sorti l'artillerie lourde. Vodka et saucisson. Bien obligé de trinquer. La première nuit n'est pas mauvaise. Lire, regarder le paysage, dormir à n'importe quelle heure, manger, boire : la notion du temps s'efface peu à peu.
La deuxième nuit, tout se gâte. Les militaires s'empiffrent et éclusent moult shots de vodka à 2h00 du matin, se moquant bien de mon sommeil. Je n'en peux plus. Il me reste à demander à "l'hôtesse d'accueil" du wagon de me trouver un autre compartiment. La provodnista est incontournable, c'est elle qui gère tout. Après une longue discussion, un dialogue de sourds plutôt, me voici seul enfin. Des compagnons de voyage vont défiler au fil des heures : un jeune couple, une sourde et muette, un type bizarre, un autre, sympathique, qui me montre ses photos de pêche au lac Baïkal. Les échanges restent hélas limités faute de compréhension. Je suis dans un film russe non sous-titré.
Le wagon-restaurant ? Pas très glamour. On y mange mal, les prix sont exorbitants, la musique disco est abominable. Pas un touriste à l'horizon.
Une certaine torpeur m'envahit. Je suis bien en fin de compte. Dans un univers parallèle ouaté, hors du temps. Le dernier jour, il fait nuit à 14h30. Sans m'en apercevoir, j'ai traversé 5 fuseaux horaires. Les arrêts dans les gares viennent rompre cette douce monotonie.
L'approvisionnement se fait dans les petites gares où des paysannes vendent beignets et autres douceurs à des tarifs dérisoires. Le tout est de ne pas rater le départ du train, ce qui, bien entendu, est à deux doigts de m'arriver. Presque lost in Siberia.
Passage par Omsk et Novossibirsk.
Après trois jours et quasi quatre nuits, je suis proche de ma destination. Une dernière querelle, obscure, autour d'une petite cuiller et je tente de dormir tôt. Sans succès. Je vais débarquer à Irkutsk à 7h00 du matin mais je suis toujours à l'heure de Moscou, soit 5 heures de moins. On m'a volé une nuit !
Drôle de périple. Il y a manqué de vraies rencontres et le plaisir de la conversation. Sentiment de frustration. Au bout de 3 jours, je commençais pourtant à goûter le rythme lent et lancinant du train dans la taïga. Pour s'en imprégner davantage, il aurait fallu que je continue jusqu'à Vladivostok. En attendant, me voici à Irkutsk, déphasé et engourdi par le froid du petit matin.
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