Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Elégie himalayesque (Les plis de la terre)

Dans les dernières pages de Les plis de la terre, le deuxième roman d'Anuradha Roy, des aigles survolent la petite ville de Ranikhet, sur les contreforts de l'Himalaya, et semblent observer la vie de ses habitants d'un oeil aussi narquois que bienveillant. C'est ce même regard que pose Maya, l'héroïne du livre, jeune veuve qui a quitté l'enfer de la ville pour se ressourcer et panser ses plaies. Elle est le témoin et l'actrice d'un récit qui nous plonge à l'intérieur d'une communauté encore protégée, mais pour combien de temps ?; des tumultes de la vie politique et religieuse de l'Inde et de ses violentes exactions. Les plis de la terre est un roman élégiaque et poétique, hymne à la nature et à la rudesse de ces montagnards qui ne dédaignent pas une bonne lampée de rhum lors des longues soirées de mousson ou d'hiver. Anuradha Roy croise plusieurs histoires, trace le portrait intime d'une bonne dizaine de personnages et capte aussi bien leur isolement que leur sentiment de liberté provisoire. Les léopards rôdent la nuit, danger immédiat mais bien moins destructeur que les ambitions humaines dans cette chronique douce et mélancolique à l'humour sous-jacent. L'amour, l'éducation, la sournoise méchanceté des rumeurs, la mémoire du temps d'avant l'Indépendance trouvent leur place avec justesse et bonheur dans ce livre à la fausse sérénité, où le talent de conteuse de la romancière indienne se confirme et se densifie.

 

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07/11/2013
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