Cinéphile m'était conté ...

Par quel bout le prendre ce Bollywood apocalypse ? Comme son titre l'indique, il est ô combien chaotique et nous transporte dans une ambiance de pré-fin-du-monde dans Bombay, à feu et à sang, sous la menace imminente de missiles nucléaires pakistanais. C'est l'un des deux aspects du roman de Manil Suri, avec en corollaire une description des tensions communautaires, entre musulmans et hindous, qui atteint un paroxysme de violence. Une évocation exacerbée que l'auteur pousse à l'extrême dans un pandémonium ultime. Malgré une puissance littéraire indéniable, le roman devient parfois incontrôlable dérivant vers le surnaturel et le grotesque. Beaucoup plus convaincante est la partie intimiste du livre, avec un triangle amoureux singulier, un homme et une femme à la recherche qui de son amant, qui de son époux. En alternant deux récits, procédé cependant un peu trop systématique, Suri sonde les âmes et les corps avec une acuité impressionnante. Ce ne sont pas les rebondissements incessants qui séduisent dans Bombay apocalypse mais bien cet approfondissement des liens sentimentaux et charnels qui unissent deux êtres rivaux pour le même homme. Le désir tient une place essentielle dans le livre, qu'il soit hétéro ou homo, se rejoignant dans une quête similaire et éperdue. Dans cet univers en flammes et menacé d'extinction, l'amour semble le seul sentiment humain qui résiste encore et toujours. La prose éruptive de Manil Suri, indigeste en partie, est transcendée par la déflagration de la passion.