Digne et modeste (Fatima)
Il serait tentant et un peu facile de décrire Fatima, l'héroïne de Philippe Faucon, comme un "mère courage". Elle-même n'aimerait pas qu'on la qualifie ainsi : elle fait ce qu'elle a à faire, femme de ménage trimant toute la journée, sans mari et avec deux filles à charge dont l'une a entrepris des études de médecine. Le film, dans le style sobre, précis et sans trémolos auquel Philippe Faucon nous a habitués, est aussi lumineux, mais sans angélisme, que La désintégration, son long-métrage précédent, était sombre et pessimiste. La chronique sociale n'a pas besoin d'être spectaculaire pour sonner juste et Fatima est une oeuvre pétrie de sincérité et d'humanisme. La clé de l'intégration se trouve dans la langue française que Fatima comprend à peu près, parle à peine et ne lit pas. Ce portrait de femme intelligente, modeste et aimante qui se régénère en écrivant son journal en arabe, touche malgré un scénario très resserré et une intrigue mince comme une feuille de papier. On peut y voir comme un certain éloge de la dignité, sans grandes phrases ni emphase. Le message est clair et net comme un ciel dégagé, il n'a aucun besoin d'artifices.
Classement 2015 : 75/187
Le réalisateur :
Philippe Faucon est né en 1958 à Oujda (Maroc). Il tourne son premier long-métrage en 1990 : L'amour. Plusieurs de ses films ont pour titre un prénom féminin : Sabine, Muriel (fait le désespoir de ses parents), Samia, Fatima. A retenir aussi dans sa filmographie : La trahison, Dans la vie et La désintégration.
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