Cinéphile m'était conté ...

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Décembre en noir (3)

En route pour la Russie, la Corée et l'Argentine.

 

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Julia Latynina, Caucase Circus (Russie)

 

Il s'en passe de belles dans la république imaginaire du Caucase, créée par Julia Latynina pour une trilogie décapante et haute en couleurs et en exactions de toutes sortes. Caucase Circus, le premier tome, fonce à toute berzingue dans le chaos le plus total, entre terroristes/indépendantistes, affidés de la Russie et profiteurs de toutes sortes. Attentats à la bombe, fusillades, tortures, rien ne nous est épargné pour dire l'horreur d'une région où tout se règle par balles et où la loi du talion est appliquée sans faute. Julia Latynina est journaliste à l'origine et son style ne prétend pas à s'élever. Efficacité maximale et scènes d'action qui s'enchaînent. Il y a de quoi s'agacer devant la répétition des actes de violence et la confusion engendrée par le nombre de personnages. La figure principale du roman, russe, manque de charisme et semble subir plutôt qu'agir, protégé par son statut et son honnêteté dans un monde gangrené par la corruption. Le livre est épuisant et lassant. De l'humour noir ? Oui, il y en a, mais cela ne rachète pas l'impression d'ensemble, sombre et sordide.

 

 

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Kim Songyong, Le dernier témoin (Corée)

 

Le dernier témoin de Kim Sôngjong est un polar assez incroyable. Tout d'abord par la personnalité de son auteur, censé être l'un des fondateurs du roman policier coréen. Le livre a été publié en 1979 dans son pays et n'a connu sa traduction française que 35 ans plus tard (merci à la collection Actes Noirs). De la traduction, il en faut en parler d'emblée. Elle colle complètement au texte d'origine ce qui rend la lecture déconcertante devant des tournures de phrases improbables qui donnent un style qui peut sembler de prime abord maladroit, d'autant qu'il y a parfois des personnages qui changent de nom avant de le retrouver plus tard. Mais il faut passer outre ce petit inconfort de lecture par rapport à ce que contient le roman qui, au gré d'une enquête minutieuse, revient sur l'époque mouvementée et tragique de la guerre civile en Corée (1950-1953). Que de choses apprend-on sur ce conflit jusqu'alors surtout évoqué du point de vue occidental ! Le dernier témoin est également palpitant du point de vue des péripéties policières, pour peu que l'on accepte sa lenteur, et pour le personnage de l'inspecteur O qui ferait passer Erlandur pour un joyeux drille. Le dénouement est particulièrement surprenant et dramatique, à croire que Kim Sôngjong était profondément pessimiste, voire nihiliste. A t-il écrit d'autres livres ? Sans doute mais pour l'heure il faut se contenter de ce polar complètement noir.

 

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Sergio Olguin, La fragilité des corps (Argentine)

 

Le sujet de La fragilité des corps est passionnant : une enquête autour d'un jeu d'argent abominable où des enfants s'affrontent dans une compétition où il s'agit d'éviter un train au dernier moment. L'argentin Sergio Olguin a choisir une journaliste comme personnage principal et il a bien fait. Il n'en fait pas une sainte, loin de là, mais une trentenaire qui possède certaines zones noires, dans l'intimité. La narration est très maligne avec certaines scènes vues à deux reprises et racontées d'un angle différent. Il y a quelques facilités, notamment vers la fin du livre où il y inflation d'action, mais l'ensemble est bien équilibré, avec de l'humour et de la romance (compliquée). Le meilleur reste la description de Buenos Aires, en particulier de ces bidonvilles, certes moins impressionnants que les favelas, pour lesquels Olguin trouve la juste distance : bienveillante et sans misérabilisme. Il sait de quoi et de qui il parle, et cela se sent.



25/12/2016
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