Cinéphile m'était conté ...

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Décembre en noir (2)

Deuxième épisode : cap sur l'Afrique du Sud, l'Italie et l'Australie.

 

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Michele Rowe, Les enfants du Cap (Afrique du Sud)

 

Connue en Afrique du Sud pour ses talents de documentariste, Michele Rowe frappe très fort avec son premier roman Les enfants de Cap. La comparaison avec Deon Meyer est inévitable mais il y a lieu de penser que l'impétrante dépasse le maître dès ses débuts en territoire polar. Au-delà de la maîtrise de son intrigue, très éclatée d'ailleurs au point de faire craindre la dispersion, le livre est surtout remarquable pour sa photographie réaliste et sans indulgence de l'Afrique du Sud post-apartheid rongée par la corruption, les inégalités, les tensions raciales et une violence endémique. En choisissant une enquêtrice d'origine métisse, Michele Rowe la confronte à un double racisme et complexifie avec bonheur l'aspect psychologique du roman. Les-enfants-du-Cap est d'une richesse infinie, ancrée dans la réalité parfois confuse d'un des plus beaux et des plus durs pays du monde. Michele Rowe est une nouvelle plume qui va compter, pas besoin d'être devin pour s'en persuader.


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Donato Carrisi, La femme aux fleurs de papier (Italie)

 

C'est un livre qui se lit comme un conte des mille et nuits. Comment ne pas tourner vite les pages, hypnotisé par la magie de ce roman dont le seul but qui l'anime est l'amour des histoires. De ce face à face, dans une tranchée de la première guerre mondiale, entre un soldat italien prisonnier et un médecin autrichien, surgit tout un monde qui nous transporte partout dans le monde et jusque sur le Titanic, lors de sa rencontre funeste avec un iceberg. Tout est volatil comme la fumée d'un cigare dans La femme aux fleurs de papier, l'amour en particulier, qui n'est pas éternel, à moins que si, mais dans une dimension qui nous échappe. On fume beaucoup dans ce livre léger et pourtant dramatique, on y aime avec passion, on écoute des histoires rocambolesques et belles comme une illusion, on y meurt aussi. Mais qu'importe, si ce qui a précédé était hors du commun.

 

 

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Andrew McGahan, Australia Underground (Australie)

 

Dans cette dystopie, Andrew McGahan imagine une Australie où le tout sécuritaire nuit gravement aux libertés et à la démocratie, dans un délire anti-musulman qui autorise tous les débordements. Le romancier frappe tous azimuts, et même sous la ceinture, dans un style certes pittoresque mais assez souvent d'une vulgarité assumée. Les péripéties décrites ne sont pas spécialement crédibles et l'analyse géopolitique peut prêter à sourire, quoique. Malgré tout, McGahan connait son affaire et sait comment harponner le lecteur même s'il est assez fréquemment dans l'excès. A prendre comme un divertissement plutôt que comme un avertissement, quoique (encore).

 

 



16/12/2016
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