Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Dans les bras d'Orphée (Vous n'avez encore rien vu)

Resnais a toujours aimé jouer avec le spectateur mais cette tendance semble s'accentuer a mesure que le cinéaste prend de l'âge. Parfois, c'est très réussi (Smoking/No Smoking), parfois pas du tout (Je t'aime, je t'aime), parfois sublime (Providence). Vous n'avez encore rien vu, assez déconcertant de prime abord, sentiment renforcé par son intemporalité, est bien de cette veine là. Il y a ce texte d'Anouilh, souvent désuet et parfois difficile à saisir, qui brouille les cartes. Le dispositif mis en place par Resnais est déroutant, risqué et agaçant et ne fonctionnerait pas sans le talent de ses acteurs et aussi leur dévotion à un metteur en scène dont on sent bien tout l'amour qu'ils lui portent. Certains d'entre eux interprètent le même rôle, le réalisateur les fait se confronter, comparaison inévitable entre des jeux très différents, le genre d'exercice qu'un comédien n'accepte pas de n'importe qui. Cette mise en abyme côtoie l'abîme, on y perd parfois son latin mais pas sa raison. Pas question de tomber dans les bras d'Orphée, ça, c'est réservé à cette insaisissable Eurydice. Le côté expérimental du film est finalement gratifiant et s'inscrit parfaitement dans la trajectoire d'un cinéaste libre qui innovera sans doute jusqu'à son dernier souffle.

 




15/10/2012
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