Cuisson à l'étouffée (Les moissonneurs)
C'est un sentiment familier dans le cinéma sud-africain que le spectateur éprouve pendant la projection de Les moissonneurs, le premier film d'Etienne Kallos. Celui d'un enfermement, ici familial comme il a pu être social en d'autres occasions, d'une cuisson à l'étouffée dans un environnement rigide et conservateur. Plus précisément dans une communauté blanche d'Afrique du Sud de l'après apartheid, inquiète et repliée sur elle-même. Dans Les moissonneurs, la famille de fermiers n'est pas loin de sombrer dans la caricature formelle et si elle n'y cède pas c'est grâce à une mise en scène rigoureuse qui alterne plans rapprochés dans la vie domestique et plans larges sur l'immensité des paysages du veld. L'arrivée d'un nouveau fils adopté agit comme un détonateur que le film enregistre avec la précision et l'implacabilité d'un sismographe. Le côté rude et austère du film se dilate peu à peu, à mesure que le carcan se desserre pour certains membres de cette famille moins stable qu'il n'y parait. C'est avec une belle subtilité psychologique que Les moissonneurs avance offrant à chacun des personnages un véritable espace pour se développer (mention spéciale au portrait de la mère qui séduit par sa finesse).
Classement 2019 : 6/39
Le réalisateur :
Etienne Kallos est né le 23 mai 1972 au Cap. Il a réalisé 3 courts-métrages.
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