Cheyenne de vie (Hostiles)
Dès la scène inaugurale, le décor est planté, celui d'un western pur et dur, et celui de sa tonalité : il ne sera fait aucun prisonnier. Difficile d'ailleurs d'imaginer autrement le genre que livré à la sauvagerie et au combat impitoyable pour survivre. Le scénario est à priori idéal avec cette longue chevauchée entre le Nouveau-Mexique et le Montana où un capitaine de cavalerie, massacreur d'amérindiens, est chargé de conduire un vieux chef moribond. Une cohabitation forcée qui forcera les deux féroces ennemis à peut-être nouer des rapports différents. C'est de bonne guerre, ce cheminement classique, mais c'est là aussi où le bât blesse. Dans l'évolution psychologique du capitaine principalement, difficilement concevable dans le sens où il est présenté comme un criminel de guerre patenté, qui hait profondément les amérindiens. Qu'il soit à l'orée de la retraite est une explication trop facile alors qu'il a passé toute sa vie à faire du petit bois avec les apaches, les sioux ou les cheyennes. Et la posture constamment martiale, les mâchoires serrées de Christian Bale, bien marmoréen, n'aident pas à comprendre ce changement d'attitude qui correspond davantage à une lecture moderne de l'affrontement entre blancs et "peaux rouges". Une évidence de "politiquement correct" qui se retrouve dans l'évocation des cruautés et des injustices subies par le peuple primo-occupant des terres d'Amérique du Nord. Une vision juste de cette cheyenne de vie qu'on ne peut qu'approuver après des années de déni dans le cinéma américain mais qui contribue à s'interroger sur la crédibilité de l'évolution des personnages du film. Pêle-mêle, on pourra reprocher aussi à Hostiles une certaine tendance à l'emphase, déjà perceptible dans les films précédents de Scott Cooper et la permanence d'une protagoniste féminine (Rosamund Pike, légèrement anachronique) dont la logique aurait voulu qu'elle disparaisse à la première halte dans une ville. En contrepartie, les scènes d'action sont intenses et attendues, véritables points d'orgue d'un film relativement taiseux, et c'est plutôt tant mieux étant donné le peu de profondeur des dialogues. Mais ceci, il faut le bien le dire, est assez commun dans le cinéma américain d'aujourd'hui.
Classement 2018 : 23/52
Le réalisateur :
Scott Cooper est né en 1970 à Abingdon (Virginie). Il a réalisé Crazy Heart, Les brasiers de la colère et Strictly Criminal.
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