Caractère du Caucase (Tesnota - Une vie à l'étroit)
Le cinéma russe contemporain ne se réduit pas à des fictions critiquant les dysfonctionnements sociaux, aussi remarquables les films de Zviaguintsev, Loznitsa et Bykov fussent-ils. On s'en apercevrait si les distributeurs français avaient la bonne idée d'enfin sortir Salyut-7 ou Arythmie, par exemple. Tesnota, premier film de Kantemir Balagov, âgé aujourd'hui de 26 ans, montre encore une facette différente, ne serait-ce que parce qu'il parle d'une région, le nord du Caucase, peu connue, et qui n'est pas semblable en tous points à la Tchétchénie. Le film démarre excellemment, avec sa jeune héroïne au caractère bien trempé, et finit de façon brillante. Entre temps, tout est loin d'être parfait, en particulier du point de vue narratif, mais le film reste étonnant, techniquement parlant, avec un soin particulier apporté au son. La question centrale, celle du sacrifice, féminin évidemment, est abordée avec tout un tas de nuances, Tesnota racontant une vie à l'étroit, comme son titre français l'indique, entre deux communautés, kabarde et juive, qui tentent de vivre en bonne intelligence (tout du moins à l'époque où est située le film, la donne ayant changé depuis lors). L'affaire d'enlèvement n'est évidemment pas le sujet même de Tesnota, ce sont ses conséquences qui permettent à Balagov d'évoquer le quotidien de sa région natale, à travers cette figure de jeune femme indépendante essayant d'échapper à son statut, interprétée avec fougue par Darya Zhovner. Le film est inégal, sans doute, mais parfaitement prometteur.
Classement 2018 : 20/55
Le réalisateur :
Kantemir Balagov est né le 28 juillet 1991 à Naltchik (Russie). Il a réalisé 3 courts-métrages.
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