Cinéphile m'était conté ...

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2011, Odyssée de l'espèce (The Tree of Life)

Jusqu'ici, Terrence Malick avait réalisé un quasi sans faute, y compris avec son excellent premier film, La balade sauvage, trop peu souvent évoqué. Et puis voilà, est arrivé The Tree of Life, qui divise, à juste titre, et laisse hagard, hébété, comme si un immeuble de dix étages vous était tombé sur la tête. Et à ceux qui avouent avoir dû lutter contre le sommeil une grande partie du film, on ne saurait jeter la pierre. Côté visuel, c'est pourtant le nirvana ! Personne ne filme comme Terrence Malick, ne procède par travellings avant rapides avec une telle élégance. Du grand art et des images sublimes. Ce qui est navrant c'est le fond de l'affaire. The Tree of Life, c'est 2011, Odyssée de l'espèce (humaine). Rien que cela. Kubrick/Malick, même combat, ou presque. Ambitieux programme. Passons sur les images de la création du monde (façon documentaire à la National Geographic) et oublions l'épisode incongru du dinosaure qui écrase à moitié la tête d'un de ses congénères. Et hop, sans transition, nous nous retrouvons au coeur du film, dans cette petite famille américaine, son père autoritaire, sa mère aimante et ses trois fils, dont l'un deux mourra plus tard. Il y a de très beaux moments, c'est vrai, mais surtout des voix off horripilantes qui feraient passer l'homélie du curé le dimanche pour un slam de Grand corps malade. Bon, c'est un peu exagéré, mais on se demande parfois si Malick ne se serait pas fait pas embrigadé par une secte quelconque, tellement le côté mystique peut aussi passer pour de la niaiserie. Et Sean Penn dans tout cela ? Pas un mot prononcé, une sorte de présence absente. La séquence finale, c'est le pompon, une vision du paradis et du pardon qui frise le ridicule. Bref, il n'y a pas loin
entre le génie et l'imposture fumeuse. The Tree of Life est un beau film pompier dont la prétention n'est pas le moindre des défauts. Ce qui n'empêche pas Malick d'être l'un des plus grands cinéastes d'aujourdhui. C'est un paradoxe, mais c'est ainsi.

 



19/05/2011
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