Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Vu à Alès (5)

 

Hopeless de Kim Chang-hoon

Fut un temps, pas si lointain, où chaque thriller coréen semblait pratiquer une surenchère de violence par rapport à ceux qui l'avait précédé. On a ainsi atteint un certain niveau au-delà duquel il n'était plus possible d'aller. Hopeless, dans ses moments les plus extrêmes, montre quelques velléités d'épater la galerie en ce sens, une manière de montrer sa radicalité jusqu'au bout des ongles, c'est le cas de le dire. Mais le film, outre son récit d'un apprentissage mafieux assez classique pour un novice, a d'autres atouts, humains, dans la manche. Ainsi, cette relation entre demis frère et sœur, qui ne manque pas de sel, ou entre le voyou débutant et son chef, qui ne manque pas de piment, ni surtout d’ambiguïté. Et puis, globalement, les rapports fils-père dysfonctionnent sérieusement et alimentent le destin erratique des premiers. C'est cet aspect "social" que l'on retiendra en priorité du premier long-métrage de Kim Chang-hoon, qui n'est jamais meilleur que quand il cesse de rivaliser dans l'agressivité avec des compatriotes réalisateurs qui eux n'ont plus à faire leurs preuves. Il y a certainement du potentiel chez ce nouveau cinéaste mais il convient d'attendre la suite pour juger s'il peut imposer une véritable personnalité ou s'il n'est qu'un faiseur raisonnablement doué.

 

Il pleut dans la maison de Paloma Sermon-Daï

Paloma Sermon-Daï, la réalisatrice de Il pleut dans la maison, connaît bien le petit coin de Wallonie où se déroule son film. Surtout au beau milieu de l'été, caniculaire (malheureusement, on ne ressent qu'assez peu cette grande chaleur à l'écran). Un frère et une sœur se débrouillent tant bien que mal en l'absence d'une mère volatile et le long-métrage nous les montre à la fois seul(e) ou ensemble, dans une continuité de scènes impressionnistes qui ne parviennent que difficilement à passionner, eu égard à ce qu'on a pu voir dans le passé au cinéma sur le même thème. La réalisatrice, qui ne se réclame pas du cinéma social belge et qui avoue plutôt son goût pour le cinéma indépendant américain, s'appuie beaucoup sur ses deux personnages principaux, adolescents qui ont gardé leur prénom de la vie réelle et qui se connaissent bien puisque demi frère et sœur, mais on ne peut pas dire, en revanche, qu'elle réussisse à donner vie aux rôles (très) secondaires, dont la mère, qui ne fait que passer sans laisser une quelconque impression. La sincérité de la cinéaste n'est pas en cause mais sa volonté de montrer le contraste entre l'insouciance d'une zone touristique et la précarité du monde autour n'est pas tout à fait à la hauteur de ses ambitions.

 

Borderline de Juan Sebastián Vásquez et Alejandro Rojas

D'origine vénézuélienne mais installés depuis plusieurs années à Barcelone, les réalisateurs de Border Line ("traduction" française de Upon Entry), Alejandro Rojas et Juan Sebastián Vasquez, ont puisé dans leur propres expériences pour l'écriture de leur film, au plus près de situations vécues par bon nombre d'étrangers débarquant aux États-Unis. La tension et le suspense de Border Line vont croissant alors que la police américaine des frontières soumet un jeune couple à un interrogatoire de plus en plus intrusif, dans un huis-clos oppressant. Ce pourrait être une pièce de théâtre, puisqu'il s'agit d'un huis-clos et d'une action qui progresse exclusivement grâce à ses dialogues. Le film, à certains moments, n'est pas loin de la comédie noire, avec le côté absurde des questions posées mais il a aussi l'intelligence de nous faire nous interroger sur la sincérité des migrants en puissance. Mais Border Line questionne avant tout sur la liberté de chacun à se déplacer et à changer de vie, une possibilité qui sera vue différemment selon que vous soyez de telle ou telle nationalité (en l'occurrence, espagnole ou vénézuélienne). Et dans l'aéroport de l'angoisse, une ou deux personnes ont le pouvoir, arbitraire, de décider si oui ou non, vous allez en avoir l'autorisation.

 



28/03/2024
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