Une rasade de fraternité (La nuit tombée)
Il y a des écrivains qui crient et d'autres qui chuchotent. Ceux-là seraient bien capables de se taire, s'ils pouvaient. Mais la littérature muette n'existe pas. Antoine Choplin est de cette race d'auteurs, jamais un mot plus haut que l'autre, des non-dits et des pudeurs qui expriment le fleur de peau et la souffrance. Un certain fatalisme, aussi. La nuit tombée parle de Tchernobyl sans jamais le nommer. Et de la zone interdite, fascinant no man's land où pourtant certains s'introduisent en douce comme des contrebandiers du souvenir. La nuit tombée, court roman, ne comporte que deux scènes principales : une soirée entre amis, à la lisière de la zone, où la vodka ravive la mémoire, et le retour d'un homme, accompagné d'un acolyte, dans le périmètre contaminé pour "voler" un objet qui lui est cher. Moins immédiatement séduisant que Le héron de Guernica, plus gris, La nuit tombée tient par l'écriture économe et sobre de Choplin. Dans un monde qui survit à peine, il reste encore de la place pour les sentiments, pour un brin d'humanité et une rasade de fraternité.
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