Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Un sale goût d'amour (Au pays du sang et du miel)

Peut-être aurait-elle dû signer son film Anonymous, mais elle n'aurait alors pas eu les moyens de mener à bien son entreprise. Oui, Au pays du soleil et du miel a bel et bien été réalisé par Angelina Jolie, la star hollywoodienne, habituée des pages People des magazines. Et on est prié d'oublier vite ses a priori sur l'image de l'actrice pour se concentrer sur son film au sujet duquel il y a beaucoup à dire. Si Jolie a choisi le conflit bosniaque, c'est pour au moins deux raisons : 1. Dénoncer l'attitude de la communauté internationale qui a mis plus de trois ans avant de réagir 2. Evoquer le sort des femmes durant cet abominable affrontement avec un nombre incalculable de viols perpétrés à leur encontre. Sincérité et naïveté sont deux ingrédients qui se mêlent étroitement dans Au pays du sang et du miel et chacun jugera quel est le sentiment qui prédomine. Sur un plan purement historique, le film est évidemment sujet à controverse tant Jolie prend peu de gants pour étayer sa conviction : les serbes étaient en majorité des tortionnaires et les bosniaques des victimes. La vérité est évidemment plus complexe que cela, des atrocités ont été commises par les deux camps et les serbes ont sans doute en partie raison de crier à la manipulation, cependant ... Avec ces considérations, on en oublierait presque de parler du contenu du film qui n'est pas, jusqu'à preuve du contraire, un documentaire. D'un strict point de vue cinématographique et scénaristique, Au pays ... est plus qu'intéressant, loin des canons hollywoodiens du genre et pas seulement pas qu'il est interprété par des acteurs locaux et parlé entièrement en serbo-croate. L'histoire d'amour que la réalisatrice a enchâssé au milieu de la guerre est tout sauf une bluette. Elle a plus le goût du sang que du miel et préserve une ambigüité dans les sentiments mutuels que se vouent le bourreau et sa prisonnière. La complexité de cette relation, le traitement abrupt de la violence qui les entoure, la maîtrise des scènes d'action, l'excellence de l'interprétation des deux personnages principaux, la distance entretenue face à la tragédie, donnent au film une force viscérale qui outrepasse quelques maladresses de débutante. Après le choc de la scène finale, le débat peut s'ouvrir sur la vraie réalité de la guerre en Bosnie, si tant est qu'il soit possible d'arriver à un dialogue entre des communautés qui ne sont toujours pas prêtes pour la réconciliation.

 




26/02/2012
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