Cinéphile m'était conté ...

Il était Flamand, né à Louvain. Il grandit à Bruxelles et fut nourri toute sa vie par une culture flamande et francophone à la fois, lié pour toujours à l’originalité identitaire même de la Belgique. Passionné de littérature mais aussi de peinture et de musique, il ne devint cinéaste de fiction qu'à près de 40 ans, après avoir tourné de nombreux courts-métrages pour la télévision belge.  " Ma chance a été de vivre dans un pays où on n’apprenait pas le cinéma, où on ne l’enseignait pas. Je n’ai donc pu commencer à réaliser des longs métrages de fiction que sur le tard, avec une certaine maturité. Le cinéma est comme un sport qui demande beaucoup d’entraînement avant de trouver sa voie." Et sa voie, il l'a trouva au sein d'un univers particulier, sorte de « réalisme magique » , rapport subtil entre le réel et l’imaginaire. A propos de Belle (1973), il déclarait : "Belle est-elle réelle ou imaginaire ? Si vous pensez qu’elle est imaginaire, allez chercher des indices qui prouvent le contraire ; c’est très stimulant. Et si vous trouvez qu’elle est bien réelle, ce qui est favorable à votre état sentimental, vous trouverez bien d’autres indices qui prouvent le contraire. " Ainsi est le cinéma de Delvaux, énigmatique, avec ce réalisme qui se fond dans l'onirisme aux confins du fantastique. Neuf films seulement à son actif, souvent adaptés de grands auteurs (Yourcenar, Gracq) parmi lesquels L'homme au crâne rasé est peut-être le plus remarquable, ne serait-ce que parce qu'il posait les jalons d'une oeuvre cohérente et singulière. Avec lui, le cinéma belge est quasiment né et son héritage peut-être revendiqué par un cinéma aujourd'hui très riche, tant du côté wallon que flamand, même si une infime part de sa production parvient sur les écrans français.

L'homme au crâne rasé.