Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Un charme fané et macabre (Amador)

Le cinéaste espagnol Fernando León de Aranoa s'intéresse aux laissés pour compte, aux marginaux, aux invisibles de la société (Les lundis au soleil, Princesas). Chômeurs, prostituées ou immigrés, comme dans Amador. Pas sur un mode mélodramatique ou misérabiliste, davantage sur le ton de la mélancolie, de la tendresse et de l'humour. Un humaniste dont les films sont les portraits délicats de personnages sans importance aux yeux du monde, toujours dignes et dont la souffrance reste polie pour ne pas gêner les autres. Ainsi est Marcela, l'héroïne effacée d'Amador, jeune femme qui va cacher pendant plusieurs jours la mort du vieil homme dont elle s'occupait, autant pour des raisons financières que par compassion. Marcela est jouée par la divine actrice péruvienne de Fausta et Madeinusa, Magaly Solier, largement sous-employée ici. Sobriété, objets utilisés comme des métaphores (un puzzle, des fleurs, une lettre déchirée), Amador a un charme fané et morbide, qui s'accorde avec un rythme lent et des scènes redondantes. En filigrane, la réalité sociale d'une Espagne en crise et un humour macabre qui se substituent à un tempo bien trop léthargique. En sourdent pourtant une poésie étrange et un questionnement existentiel. "Dieu a créé les nuages pour se cacher quand il a honte" dit le vieillard. "Est-ce parce qu'il a honte de nous ou de Lui ?" se demande Marcela.

 




18/02/2012
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