Cinéphile m'était conté ...

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Un amour interdit (La vérité sur l'affaire Harry Quebert)

Qui a tué Nola ? C'est la question centrale de La vérité sur l'affaire Harry Quebert. Comme dans tout bon thriller qui se respecte, il faut attendre la réponse à la fin du roman de Joël Dicker, après avoir découvert, comme de bien entendu, pas mal de suspects potentiels. De rebondissements en révélations, l'auteur mène sa barque avec aplomb et professionnalisme. Comment se fait-il que l'on se fiche en fin de compte de l'identité du coupable alors qu'on s'est laissé prendre, un peu contre son gré, à tourner les pages avec l'envie de savoir jusqu'où l'auteur pousserait les feux ? L'intérêt serait donc en grande partie ailleurs ! Mais où ? Pas dans le style, d'une platitude totale, purement fonctionnel. Un peu dans les personnages, nombreux, qui tour à tour se retrouvent en première ligne et ont tous une faille qui les rend sinon attachants, du moins humains. Dans le portrait d'une petite ville américaine avec ses mesquineries et ses secrets inavouables ? On a déjà vu ça ailleurs, et bien mieux décrit. L'Amérique profonde ne l'est plus vraiment pour les amateurs de sa littérature. Plus intéressant est l'analyse des tourments qui agitent un romancier dont l'obsession est d'écrire The chef d'oeuvre, qui deviendra fatalement un best seller, parce que, quand même, ça rapporte des dollars et la gloire en sus. Ce sujet là semble particulièrement tenir à coeur à Dicker dont la personnalité imprègne finalement beaucoup son livre, ce qui n'est pas si courant dans un thriller. Tous les commentateurs semblent cependant oublier que le coeur de livre, au-delà de son suspense, qui répond à une fabrication standard bien maîtrisée, est constitué par une histoire d'amour entre un homme d'une trentaine d'années, "presque" célèbre et une jeune fille de 15 ans "presque" naîve et dont on découvre au fil du roman la belle névrose. Une romance interdite, donc, contée de manière mièvre, à se demander si ce n'est pas volontaire, et sans laquelle "l'affaire" n'existerait pas. Le vrai mystère de La vérité sur l'affaire Harry Quebert n'est pas dans son succès, les ingrédients y sont habilement dosés, mais dans l'espèce de plaisir coupable qu'on peut y trouver. Le roman est loin d'être mémorable, mais il se révèle assez addictif, suffisamment en tous cas pour avancer à grand pas dans sa lecture. Pour mieux le critiquer ensuite parce franchement ce n'est pas le bouquin du siècle, ni même du mois. Il y a une douce vengeance à se gausser d'un livre aussi manipulateur dont on a beau jeu de dire, une fois avalé, qu'il ne vaut pas tripette. Ce qui est un peu à se mentir à soi-même, non ? Mais si !

 




02/01/2013
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