Tempête tropicale (Negra)
Nina (Nirvana selon son état-civil), l'héroïne de Negra, est une guerrière. Et il en faut aujourd'hui de l'énergie, du courage et de l'audace pour (sur)vivre à Cuba, dans un pays étranglé économiquement et moralement, au bout du rouleau après plus 50 ans de dictature et de privations. Libre dans sa tête et dans son corps, Nina est une figure symbolique de la résistance. Wendy Guerra s'est imposée en peu de livres comme une romancière cubaine majeure (Karla Suarez en est une autre), qui n'a pas peur de décrire la réalité telle qu'elle est. "Nous vivons entre l'interdit et l'obligatoire" a t-elle écrit dans un livre précédent. On ne saurait mieux dire mais dans Negra elle aborde un sujet relativement peu évoqué jusqu'alors, à rebrousse poil des tenants de la "Cubanidad" qui voudraient nous faire croire que toutes les races et toutes les couleurs vivent en parfaite harmonie. Etre noire à Cuba, c'est pourtant se soumettre à une discrimination sournoise dans cette île de tous les métissages. Dans une prose flamboyante, Wendy Guerra a écrit un livre qui semble déborder de ses pages. Un mélange détonant qui manque peut-être de méthode mais certainement pas de style. Le roman part souvent en vrille, se joue de sa propre fiction pour nous faire humer les odeurs de Cuba. Une terre sensuelle et complexe, difficile à comprendre pour les occidentaux, jusque dans ses pratiques païennes et religieuses qui se heurtent au matérialisme socialiste. Negra a tout de la tempête tropicale. On en retient l'essentiel : l'attachement à une terre splendide où l'on ne cessera de croire en des jours meilleurs tant que ses habitants continueront à danser et à se moquer de leurs propres malheurs.
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