Tempête sous deux cranes (The Lighthouse)
Certains cinéphiles ont sans doute vu The Pjantom Light (1935) de Michael Powell qui, tout en n'étant pas le meilleur ouvrage du maître britannique, posait déjà les jalons de ce qui devenu une sorte de genre : le film autour de la figure du gardien de phare, avec pour ingrédients immarcescibles : la solitude, la frustration et la démence qui guette. The Lighthouse reprend ces thèmes en isolant deux personnages, le chef (vieux loup de mer) et son subordonné (jeune instable) au milieu de l'océan. Format carré, noir et blanc, mise en scène expressionniste : tout est en place pour que la tempête se déchaîne, en mer comme sous les cranes. Avec son long prologue, sans qu'aucune parole ne soit échangée, le film de Robert Eggers semble marcher sur les brisées du cinéma muet et ce n'est pas une mauvaise idée. Mais assez rapidement, The Lighthouse vire à l'exercice du style avec une narration qui sonne un peu le creux et ses symboles outrés (le phare comme objet phallique). L'affrontement entre les deux hommes donne lieu à tout un tas de scènes croquignolettes et il y a un moment où l'on se prendrait presque à espérer que le long-métrage jouât la carte du grotesque mais c'est méconnaître l'esprit de sérieux d'une entreprise qui vise avant tout à épater la galerie, ce qui n'est évidemment pas tenable sur la longueur, à moins d'être un génie du cinéma, et encore. Impressionné par la maîtrise formelle de Eggers, on l'est assurément, mais peu comblé en même temps par un récit qui se nourrit de fantasmes et d'une escalade émotionnelle proche des films d'horreur. C'est loin d'être une débâcle, cependant, car le duo Dafoe/Pattinson tient plus que ses promesses, le deuxième réussissant même, c'est plutôt inattendu, à se hisser au haut niveau du premier. Pas un désastre, tout au plus une déception vu les ambitions affichées.
Classement 2019 : 108/250
Le réalisateur :
Robert Eggers est né le 7 juillet 1983 à Lee (Etats-Unis). Il a réalisé The Witch.
A découvrir aussi
- Les hommes du lac (Entre les roseaux)
- Les yeux grand fermés (Rojo)
- Vodka et cornichons (Folle nuit russe)
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 51 autres membres