Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Techno-sapiens (After Yang)

 

Un film où l'on cite Lao Tseu et où l'on discute suavement de la mystérieuse nature du thé ne saurait être anodin. L'ambiance de After Yang, très particulière, dans la douceur et la mélancolie, rappellera quelque chose à ceux qui ont lu le dernier roman du Nobel Kazuo Ishiguro, l'énigmatique Klara et le soleil. Ce n'est sans doute pas un hasard si les deux œuvres, étiquetées SF, sont signées d'un écrivain britannique aux origines japonaises et d'un réalisateur américain aux racines coréennes. Si le film s'intitule After Yang, c'est peut-être pour mieux retrouver le Yin, dans une contemplation ô combien délicate, sur les thèmes de la famille et des souvenirs, suscités par la présence et la défaillance d'un Techno-sapiens, révélateur, au sens photographique du terme, de nos valeurs et émotions humaines. Tout n'est pas explicable dans le film, et c'est tant mieux, dans ce monde immédiat qui se profile où les connexions de toutes sortes ne semblent pas davantage qu'un moyen d'activer l'iceberg de nos sentiments, en partie enfouis sous l'urgence du temps et l'ambition d'avoir plutôt que d'être. Récit poétique, philosophique et sage méditation, After Yang a certainement de quoi laisser dubitatif, dans le sens où il laisse planer une certaine brume dans ses intentions. Mais c'est précisément sa part opaque qui lui donne sa ténébreuse beauté.

 

 

Le réalisateur :

 

Kogonada est née en Corée du Sud. Il a réalisé Columbus.

 



11/07/2022
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