Seulement de la littérature (Soumission)
Laissons tomber les polémiques qui ont déjà commencé avant même que quiconque ait déjà lu la moindre ligne de Soumission. En ces temps douloureux et sensibles, le roman de Houellebecq tombe bien mal, sauf pour alimenter les discussions et les débats d'idée mais c'est davantage le personnage que l'auteur qui se trouve jugé. Et si on en revenait au livre ? Et si on parlait de sa valeur littéraire uniquement ? Un exercice de politique fiction lequel à partir de 2022 deviendra une uchronie, du moins c'est probable. Et ce n'est pas ce roman qui va changer notre société ou les mentalités. C'est un roman, pas un traité de sociologie. Islamophobe, Soumission ? Pas autant que Bayrouphobe ou surtout phallocrate. C'est ce dernier aspect qui s'avère le plus déplaisant. Houellebecq a toujours été misogyne mais les scènes de sexe qu'il nous inflige, et cette fois-ci l'auto-dérision ne fonctionne pas, sont non seulement répétitives mais d'un goût très douteux pour ne pas user de termes plus directs. Pour le reste, il y a énormément de choses intéressantes dans le roman, à commencer par cet hommage à Huysmans qui avec la comparaison de l'époque où celui-ci a vécu et celle du narrateur. C'est son humour très noir et nihiliste qui sauve Soumission qui n'est en aucun cas un pamphlet ou alors bien mou, car celui d'un type pessimiste, parfois lucide, parfois délirant quant il aborde la question du déclin de notre civilisation. Certains cherchent à trouver la part de sincérité et la part de provocation dans les écrits de Houellebecq. En oubliant qu'il n'est que romancier, pas penseur et encore moins prophète. La liberté d'expression lui permet d'écrire ce qu'il veut, notre liberté est celle de le lire ou pas. D'aimer ou de détester. Le reste n'est que littérature.
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