Saga islandaise (Le livre du roi)
On a du mal à imaginer Arnaldur Indidason en dehors du registre du polar. Le livre du roi, publié en 2006, est pourtant tout autre, un roman d'aventures échevelé qui pourrait avoir été écrit, si l'on oublie son arrière-plan purement nordique, par un Ruiz Zafon ou une Isabel Allende. Nous voici bien loin, en tous cas, des enquêtes d'Erlendur et du climat habituel des livres de l'auteur. Et on le regrette assez vite. Le livre du roi est un récit hautement rocambolesque qui ne lésine pas sur les péripéties et les rebondissements dans l'Europe de 1955. Ses deux personnages principaux sont archétypaux : le jeune étudiant timide et mal dégrossi qui va trouver un mentor en la personne d'un vieux professeur alcoolique et acariâtre que la vie n'a pas ménagé et qui cache, quelle surprise, de lourds secrets enfouis dans son passé. Quant aux méchants, ce sont d'anciens nazis qui croient toujours en l'avènement d'un monde nouveau et dans une race "pure". Le roman est une cavale ininterrompue à la recherche d'un petit livre, symbole de l'identité profonde de l'Islande, mise à mal par des années de soumission au royaume du Danemark. Indridason marque là son attachement aux sagas islandaises qui ont non seulement forgé le caractère de la nation mais surtout demeurent comme un patrimoine unique chéri par tout un peuple. Le style du Livre du roi se lit certes sans ennui mais sans passion non plus, son style, d'une extrême simplicité ne visant qu'à l'efficacité. Un Indridason à mettre de côté, quel que soit le sens que l'on donne à l'expression.
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