Cinéphile m'était conté ...

Il y avait pourtant de la matière pour raconter la chute de la maison Gucci et évoquer une histoire de famille et de couple tout aussi passionnants l'un que l'autre mais entre la satire et la chronique, Ridley Scott semble hésiter et même renoncer, laissant la bride sur le cou à ses comédiens. Pour une Lady Gaga impressionnante, que dire de la performance cabotine de Al Pacino et surtout de l'insupportable numéro de Jared Leto, grotesque. D'emblée, le ver était dans le fruit avec un Milan où tout le monde parle anglais avec un accent italien appuyé pour certains acteurs et inexistant chez d'autres (où est la logique ?) avec aucun acteur transalpin dans le casting, un comble. La première partie donne au moins quelques raisons de s'amuser, devant le spectacle de la riche vulgarité de cette famille dominée par les hommes dont l'irruption de la volcanique Patrizia Reggiani va perturber les hormones. L'impression générale est celle d'un survol de plus de deux décennies pendant lesquelles les principaux personnages de House of Gucci ne prennent pas une ride. Ce serait une farce, alors, ou un opéra bouffe ? Pas sûr que Ridley Scott soit fait pour cela et si certaines scènes sont un peu ridicules, cela n'est pas toujours volontaire, à l'évidence. Quand le cinéaste est à cours d'inspiration ou craint que le rythme ne retombe, il balance un morceau d'Eurythmics ou de Donna Summer sans que cela semble particulièrement utile. A tirer sans sommation sur l'empire Gucci, sans approfondir quoi que ce soit de ses racines ou des raisons de sa décadence, Scott est à la limite de la démagogie pour le seul plaisir de s'attaquer à cette cible facile qu'est une famille riche, célèbre, dysfonctionnelle et aux pratiques peu ragoûtantes.

Le réalisateur :

Ridley Scott est né le 30 novembre 1937 à South Shields (Royaume-Uni). Il a réalisé 25 films dont Alien, Blade Runner et Le dernier duel.