Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Portrait d'une époque médiocre (La ligne de courtoisie)

Après l'émotion de son précédent livre, Tu verras, Nicolas Fargues signe un roman aux antipodes, La ligne de courtoisie, portrait désabusé d'un écrivain en cale sèche et d'une époque médiocre à tous points de vue. Dans la lignée de ses confrères édités par P.O.L, Oster, par exemple, Fargues n'a ici pas d'histoire fracassante à raconter, il n'a que l'envie de fustiger la société de consommation qui nous rend moutonniers, futiles et ridicules. On peut penser également à Jean-Paul Dubois quand l'auteur décrit avec une verve lasse l'importance démesurée que prennent les objets du quotidien dans notre propre existence. Pas plus que Dubois, Fargues ne se ménage dans La ligne de courtoisie en créant un narrateur pusillanime, revenu de tout et à la force d'inertie redoutable. S'il écrit sur presque rien, ce qu'on est en droit de lui reprocher comme dans plusieurs de ses ouvrages antérieurs, il le fait dans une langue superbe, dont la beauté parfois précieuse, avec l'usage fréquent de mots rares, finit par contredire, peu ou prou, sa satire triste des moeurs. Ce n'est évidemment pas le meilleur livre de Nicolas Fargues, bien que son style n'ait jamais été aussi brillant. Le genre de paradoxe qui colle bien avec ce roman singulier qui hésite entre suave mélancolie et dépression profonde.

 




24/03/2012
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