Cinéphile m'était conté ...

Le Nigeria est le pays le plus peuplé d'Afrique et aussi la première puissance économique du continent. Mais, en grande partie à cause de la corruption, le seuil de pauvreté y est particulièrement élevé. Le premier intérêt de Du pétrole sur l'eau, troisième roman de Helon Habila, est son aspect documentaire, l'analyse passionnante de ce que l'or noir a apporté au pays (à une minorité), tout en polluant les rivières autant que les âmes. L'auteur donne à son livre des prémisses de thriller : une femme blanche a été enlevée (par des opposants au régime ?) et un jeune journaliste, flanqué d'un vieux reporter qui a "tout vu et tout vécu", a pour mission de la retrouver, de l'interviewer, de négocier. Et Habila de brosser un portrait saisissant d'une situation explosive : des groupes armés rebelles se muent en terroristes, le gouvernement manipule l'opinion, les compagnies pétrolières détruisent l'environnement, etc. Du pétrole sur l'eau est moins réussi sur le plan de la construction du récit, trop complexe, avec des flashbacks à l'intérieur de flashbacks, et des personnages que l'on aimerait voir davantage développés. Malgré ce côté parfois confus, le roman est suffisamment original pour susciter l'intérêt, à la découverte d'un lieu très intrigant et très "conradien": le delta du Niger.