Pays à la dérive (La fille de l'Espagnole)
Situation ubuesque au Venezuela : deux présidents de la République, dont l'un auto-proclamé, mais reconnu par certains gouvernements étrangers, prétendent au même moment diriger un pays exsangue. 4 millions de ses habitants l'ont quitté ces 5 dernières années, fuyant les difficultés sociales et la violence endémique. Karina Sainz Borgo est elle partie vers l'Espagne, il y a déjà près de 15 ans, et son premier roman, à la fois reflet du pays aujourd'hui et dystopie, relate un chaos indescriptible dans Caracas, obligeant son héroïne à une lutte quotidienne pour ne pas sombrer, la seule possibilité étant de changer d'identité pour partir le plus loin possible. La fille de l'Espagnole est une sorte de film d'horreur et ses techniques narratives fonctionnent à l'identique. Le livre est saisissant mais il est aussi presque constamment dans la même tonalité, s'attachant à la description d'exactions plus ou moins insoutenables et, dans le même temps, aux tourments psychologiques d'une survivante dans cet enfer inextricable. Le climat est lourd et le livre plutôt monotone et monochrome, s'autorisant des flashbacks qui s'imbriquent assez mal dans le récit. En resserrant son intrigue sur un personnage principal, Karina Sainz Borgo se prive de densité romanesque mais ce n'est sans doute pas son objectif. Il s'agit surtout pour elle de témoigner de la dérive d'un pays, tout en prévenant que personne dans ce monde n'est à l'abri d'une descente aux enfers aussi brutale que celle du Venezuela.
L'auteure :
Karina Sainz Borgo est née à Caracas en 1982. Elle s'est installée en Espagne en 2006.
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