Oasis (Serbie)
Dans un établissement pour jeunes handicapés mentaux, deux filles tombent amoureuses du même garçon. Le projet est assez fou : faire jouer à des jeunes gens, eux-mêmes résidents ce genre de centre, une fiction où les personnages se débattent dans un singulier triangle amoureux. Le film suisse La Mif a eu la même ambition, mais dans un contexte différent, et les deux longs-métrages se ressemblent par l'intensité et la vérité de leurs acteurs amateurs. Il y avait le risque de voir à l'écran un exercice de style embarrassant, qui aurait pu faire des spectateurs de véritables voyeurs mais le réalisateur serbe Ivan Ikic réussit à éviter cet écueil par une pudeur bienvenue et des ellipses assez audacieuses. Cette double histoire d'amour dans un lieu de soins capte immédiatement l'attention par sa finesse d'observation et ses non-dits autour des trois personnages principaux (l'un deux est volontairement muet) mais aussi par sa puissance narrative, tirant sur la tragédie. Une manière pour le cinéaste de questionner aussi la pertinence de l'accompagnement de ces jeunes handicapés dans une administration qui ne connait que le règlement. Le jugement n'est cependant pas asséné et renvoie aux premières images du film, un véritable reportage de propagande réalisé lors de l'ouverture de l'établissement en 1970. Oasis a été choisi pour représenter la Serbie à l'Oscar 2021 du meilleur film international.
Note : 7/10
A découvrir aussi
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 51 autres membres