Nous l'avons tant aimé
Pour ceux qui se sont véritablement pris de passion pour le cinéma au milieu des années 70, Ettore Scola représentera toujours la quintessence du cinéma italien et pas seulement en tant que réalisateur de comédies, domaine où on le confine encore à tort, y compris dans les hommages qui lui sont rendus. Penser à lui, alors qu'il vient de mourir, c'est aussi évoquer Comencini, Risi, Monicelli, Fellini, entre autres, mais aussi Francesco Rosi, au moins son égal du point de vue du talent, mais dans un autre registre, plus politique, et dont le décès, l'année dernière, a provoqué assez peu d'émotion, hélas, tout du moins sur la blogosphère. Fermons la parenthèse.
Ettore Scola est né le 10 mai 1931 à Trevico, dans la région de Campanie, pas très loin de Naples. Dessinateur de presse, il bifurque vers le cinéma et on le trouve à l'écriture de scenarii pour Antonio Pietrangeli (Adua et ses compagnes), Mauro Bolognini et surtout Dino Risi (L'homme aux cent visages, Le fanfaron). Il devient cinéaste avec Parlons femmes (1964), une excellente comédie. Il se fait remarquer en 1970 avec un film plus grave : Drame de la jalousie, suivi deux ans plus tard d'un film fantastique très réussi : La plus belle soirée de ma vie. Mais c'est en 1974 qu'il réalise son premier chef d'oeuvre, et pour ce qui me concerne, le film que je chéris le plus de lui : Nous nous sommes tant aimés, lequel, lorsque je me suis amusé, il y a quelque temps déjà, à dresser la liste de mes 100 films préférés de tous les temps y figurait en très bonne place. Sa réalisation suivante : Affreux, sales et méchants montrait qu'il savait se remettre en question avec un film d'une incroyable verdeur, dénonçant les conditions de vie atroces des plus pauvres de ses concitoyens. La dimension sociale, on a tendance à l'oublier, était aussi au coeur de nombre de ses longs-métrages.
Nous nous sommes tant aimés
En 1977, tout les critiques le voyaient remporter la Palme d'Or à Cannes pour Une journée particulière. Il ne l'eut pas mais qu'importe, il était désormais considéré comme l'un des plus grands cinéastes de la planète. Et de nouveau, il changea son fusil d'épaule et tourna des oeuvres moins reconnues et pourtant plus qu'estimables : La terrasse, Passion d'amour, La nuit de Varennes, Le bal. En 1985, c'est Macaroni, qui est pour moi son film le plus drôle, un pendant idéal au génial Avanti de Billy Wilder. La famille et Splendor passent un peu inaperçus, c'est dommage, de même que le merveilleux Quel heure est-il ?
Macaroni
Sa fin de carrière est sans aucun doute moins brillante : Le voyage du capitaine Fracasse, Le roman d'un jeune homme pauvre, Le dîner, Concurrence déloyale. Miné par des problèmes de santé, Ettore Scola tournera deux documentaires pour terminer : Gente di Roma et Qu'il est étrange de s'appeler Federico, hommage au grand Fellini. En août 2011, il avait annoncé qu'il se retirait du monde du cinéma, ne se retrouvant plus dans la logique commerciale des productions.
Le dîner
Féroce, satirique, tendre et mélancolique, Ettore Scola laisse derrière lui une filmographie variée marquée par l'amour des histoires, de son pays et bien entendu des plus grands comédiens auxquels il aura offert des rôles magnifiques. Mal récompensé au Festival de Cannes (un prix de la mise en scène pour Affreux, sales et méchants, prix du scénario et des dialogues pour La terrasse), il a en revanche été souvent à l'honneur aux César : meilleur film étranger deux années consécutives pour Nous nous sommes tant aimés et Une journée particulière ; meilleur film et réalisateur pour Le bal en 1984.
Affreux, sales et méchants
Mes 10 films préférés d'Ettore Scola :
1. Nous nous sommes tant aimés
2. Macaroni
3. Quelle heure est-il ?
4. Parlons femmes
5. Affreux, sales et méchants
6. La plus belle soirée de ma vie
7. Une journée particulière
8. Le bal
9. Le dîner
10. Splendor.
Hommage est rendu au cinéaste sur le blog Chez Sentinelle
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