Mortelle randonnée (La colère d'un homme patient)
La première demi-heure de La colère d'un homme patient est mystérieuse (et c'est bon). Que cherche ce barbu taiseux ténébreux dans le bar qu'il fréquente avec assiduité ? Le spectateur se perd en conjectures mais il a déjà une petite idée sur la question, ayant vu l'introduction du film (le casse d'une bijouterie) qui a forcément un rapport. Cet homme est en quête de vengeance et une fois la révélation de ses raisons, nous voici parti pour une mortelle randonnée sur les routes espagnoles. Là, le film emprunte des chemins plutôt prévisibles mais le réalisateur Raul Arévalo compense par la lenteur de la progression de l'intrigue (une qualité en l'occurrence), par le sens des détails, par les contrastes d'une image au gros grain, par le réalisme des personnages et des décors. Entre le film noir et le western, l'homme patient avance et fait surgir la violence. Celle-ci n'est pas sujet à beauté, elle est brutale et poisseuse comme les sentiments qui agitent ce héros froid comme un cadavre. Grand triomphateur des derniers Goya, La colère d'un homme patient ne brille pas par son scénario et encore moins pour sa morale (douteuse) mais par son atmosphère sordide et la minutie de sa réalisation. Un film un peu malade qui ne s'adresse pas nécessairement aux sentiments les plus nobles mais qui ne cède jamais aux sirènes de la fadeur et du politiquement correct.
Classement 2017 : 29/98
Le réalisateur :
Raul Arévalo est né le 22 novembre 1979. Acteur, il passe pour la première fois à la réalisation.
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